Plongée dans la forêt d'émeraude
Petit tour du Sabah
De Kota Kinabalu à Semporna: une région dominée par la nature
Nature oui, mais pas toujours sauvage!
Départ de Kota Kinabalu: la ville s'étend sur la côte Nord, faisant face à de multiples îlots abritant villages de pêcheurs sur pilotis et petites plages isolées. La ville est très étalée, ses routes à 4 voies tentaculaires relient de petits quartiers isolés regroupant des maisons au standing variable, de la petite maison de bois "traditionnelle" aux imposantes résidences rose pétant flambant neuf.
Une maison communale aux couleurs vives bordée de bougainvilliers: typique!
En prenant la route du Sud on traverse les montagnes et on longe le fameux mont Kinabalu qui culmine aux alentours de 4000 m. Les paysages sont superbes, on serpente le long de vallées vert sombre où perce parfois une cascade argentée ou une falaise rocheuse abrupte. Au pied du mont s'étendent des rizières vert tendre illuminant le paysage de jungle impénétrable, d'autant plus mystérieux lorsque le sommet se perd dans la brume.
En poursuivant vers le Sud on trouve des paysages moins accidentés: nous sommes maintenant vers Telupid au centre du Sabah. Les villages aux maisons colorées occupent les bords de route d'où l'on peut voir le fascinant patchwork de champs, rizières et plantations.
Au cœur d'une plantation: âgés de maximum 8 ans, les palmiers peuvent n'être que de jeunes pousses
Puis on pénètre jusqu'à Semporna dans un vaste paysage de plantations de palmiers à huile. Elles s'étendent sur de grandes surfaces sculptées en escalier pour faciliter la récolte. Aux alentours des camions remplis de grappes de fruits rouges sillonnent les routes en direction des moulins d'extraction. Des hauteurs on aperçoit parfois la multitude des arbres alignés d'un vert profond.
Banggi, la parenthèse insulaire
Voilà que deux semaines de vadrouille sur l’île de Banggi se terminent, à la terrasse du seul café-wifi du port comme bien souvent. Banggi est une grande île tout au Nord Est de Bornéo à laquelle on accède par bateau, deux ferries par jour, depuis la ville de Kudat: l'aller-retour dans la journée n'étant pas envisageable on loge pendant la semaine dans une petite maison proche des zones d'étude.
Sur l'île nous avons fait les inventaires phénologiques (mesure de la taille et de la circonférence des arbres) sur 8 transects ce qui représente deux hectares de forêts. A quelques km de la côte, la première zone étudiée est à la lisière de la forêt et la deuxième plus à l'intérieur (on y accède après une petite heure de marche).
Sur le ponton les poissons sont vidés au sortir de la barque et séchés au soleil
L'île est peu peuplée aujourd'hui: il n'y a l'électricité qu'aux alentours de la ville où est situé le débarcadère. Les habitants sont principalement des pêcheurs commerçant avec la ville de Kudat et chaque famille possède au moins un bateau permettant de pêcher pour la consommation familiale et pour le plaisir ou d'accéder aux plages de l'île où sont récoltés divers coquillages.
A l'intérieur des terres on rencontre quelques maisons le long de la route, toujours très fleuries, colorées et paisibles.
Les habitants vont parfois en forêt pour cueillir des fruits ou récolter un peu de bois de construction pour les maisons ou les bateaux. Aujourd'hui encore les croyances animistes sont bien vivantes et il arrive que l'on doive dévier le tracé d'un chemin si l'on rencontre un arbre sacré habité par les esprits.
Cependant une transformation, peut être radicale, est initiée: cette année a débutée l'installation de plantations de palmiers au centre de l'île. L'île accueille déjà des plantations d'hévéas mais l'arrivée du palmier promet d'attirer de nombreux travailleurs philippins et indonésiens, acceptant des salaires plus bas, ce qui va d'une part faire augmenter la population de l'île mais aussi son développement. Il est déjà prévu d'installer l'électricité le long de la route principale faisant le tour de l'île: on peut d'ores et déjà voir pousser des quartiers résidentiels aux petites maisons de béton toutes similaires le long de la route.
On peut supposer que ces changements entraînent des échanges plus nombreux entre Banggi et Bornéo, notamment pour les biens de consommation qui aujourd'hui sont concentrés dans deux épiceries près du "centre ville". Les villages vont également se peupler de nouveaux habitants aux cultures et habitudes différentes, espérons que cela n'empêche pas de perpétuer les croyances locales.
Au milieu des champs ou le long des pontons, les maisons sont toujours fleuries et colorées
Toujours est-il qu'une deuxième visite d'ici 10 ans révélera certainement un tout autre visage...
Mon bureau: la rivière Kinabatangan
Des habitats et une biodiversité naturels uniques
Situé au Sud-est de la région de Sabah, sur l’île de Bornéo, le centre de recherche se trouve sur la partie aval de la rivière Kinabatangan. Dans cette région on trouve à la fois des forêts naturelles sèches ou inondées (dont 65 000 ha de milieu humides, possédant souvent une faune et une flore très particulières et à l’équilibre fragile) et des plantations diverses (palmiers à huile, tabac, rotin .…) tenues par de grands propriétaires ou par de petits exploitants. Le climat y est rude : température moyenne annuelle aux alentours de 30°C et saisons marquées entre sécheresses et pluies très importantes générant inondations et crues de Novembre à Mars.
Au XIXe siècle la région n’est peuplée quasiment que par les ethnies originaires (Melapi et Sebangan) et la densité est faible : malgré des sols limoneux fertiles propices à l’agriculture, l’abondance des éléphants, le climat et les épidémies courantes limitent l’augmentation de la population. L’économie régionale se résume alors à la production agricole et à la pêche des villages ainsi qu’à la commercialisation de produits issus de la forêt (rotin, peaux de crocodiles, nids d’oiseaux, ivoire .…).
A partir du début du XXe siècle l’exploitation du bois se développe le long de la rivière et donne lieu à une croissance économique et démographique importante, autant au profit des populations locales que des travailleurs immigrés (Indonésiens et Philippins) qui établissent des villages à proximité des concessions.
Une structure productive intéressante se développe : des coopératives terriennes de producteurs locaux regroupent leurs ressources et exploitent une concession forestière générant des revenus rapides. Malheureusement les terres une fois (sur)exploitées sont souvent laissées à l’abandon sans être valorisées.
Vers 1970 l’agriculture également se développe : près de 40 000 ha de réserve commerciale forestière sont transformées en terres agricoles (palmiers à huile, tabac, hévéas, riz et maraîchage). Aujourd’hui l’huile de palme est la principale production de la région. Entre 1975 et 1995 la surface plantée a été multipliée par 16 dans le district de Kinabatangan et par 31 aux alentours de Sandakan à l'est du Sabah.
La production reste cependant menacée par le climat incertain, le peu de main d’œuvre et de voies de communication disponibles.
Enfin, dans les années 80, le gouvernement met en place un sanctuaire de préservation du milieu le long de la Kinabatangan : ces zones sont dédiées à la conservation et à l’étude de la faune et de la flore. Cela permet également de maintenir la forêt en tant que ressource pour les populations locales. Le tourisme « vert » y est également promu grâce à des centres établis dans la jungle permettant la découverte du milieu et de la région.
Et maintenant... Bornéo!
Nouveau départ!
Voilà maintenant une semaine que j’ai quitté le Vietnam… la séparation est toujours difficile surtout quand l’on s’apprête à partir pour ne pas revenir : difficile de dire « à la prochaine » sans avoir le sentiment de se voiler un peu la face.
Mais les souvenirs et la nostalgie laissés derrière soi il n’est pas difficile de se consoler en arrivant ici en Malaisie, sur l’île de Bornéo.
Le voyage est long, entre bus pour Saigon, journée à errer dans les rues une dernière fois, avion, escales, dédale des terminaux de l’aéroport, retard des vols, deuxième avion, petite appréhension de ne pas récupérer son sac, 2h de voiture pour rejoindre le village où on embarque… et enfin 30 minutes de bateau en pleine nuit sur la rivière Kinabatangan pour rejoindre le centre.
Le quotidien est simple mais confortable : maisons de bois dans la forêt, électricité au groupe électrogène le midi et le soir seulement, pas de réseau, pas d’internet... mais les bruits de la forêt qui nous accueillent et présagent de 5 mois d’immersion incroyables au milieu de la jungle!
On habite avec une cinquantaine de chauves-souris et une trentaine de chercheurs, stagiaires, personnel de tous horizons qui étudient principalement les animaux : léopards, crocodiles, singes en tout genre, lézards, éléphants…
Cadre de travail assez satisfaisant pour l'instant... et ça change tous les jours!
Depuis mon arrivée j’ai croisé deux orang-outangs devant chez moi, des crocodiles de 5 mètres sur la rive, des lézards géants… et nos collègues de travail quand on est en forêt sont les macaques et des insectes toujours plus incroyables.
Nos collègues de travail... si quelqu'un sait ce que c'est, ça m'intéresse!