De l'huile ?
Palm news: du nouveau et des avancées
Comme j'en parlais dans l’article précédent, la problématique de l'huile de palme est loin d'être simple à comprendre et encore moins à résoudre.
Ces derniers temps il y a cependant eu du nouveau dans ce domaine. Des ONG internationales qui peuvent travailler en partenariat avec des entreprises (avec plus ou moins de proximité selon leur stratégie) et alertent les autorités ou la société sur les soucis environnementaux identifiés ont réussi à mener certaines entreprises vers une production plus durable de l'huile de palme, qui n'entraîne pas plus de déforestation et promet de meilleures conditions aux ouvriers.
Pour ne citer un exemple, Greenpeace a mené il y a quelques années une campagne de sensibilisation assez choc contre Nestlé et l'huile de palme utilisée dans des barres chocolatées. Sur YouTube: La fameuse pub (âmes un peu sensibles, s'abstenir).
Greenpeace a accepté d'arrêter sa campagne si Nestlé s'engageait à utiliser de l'huile "durable". La société agroalimentaire à son tour a menacé ses fournisseurs s'ils ne lui garantissaient pas une huile convenable. La taille de Nestlé et son importance médiatique ont donné du poids à la demande et les fournisseurs Malaisiens se sont tournés vers une production plus responsable. Toutes les sociétés n'ont pas bougé, mais c'est souvent un effet d'entraînement et de plus en plus adoptent la même démarche. Dans ce combat plusieurs leviers sont envisageables: en plus de la société civile, les financeurs déclenchent un mouvement. Dans le cas de Wilmar (récemment "converti" à l'huile durable) c'est aussi le fond de pension Norvégien (l'un des plus gros du monde) qui en vendant ses actions, jugées trop peu responsables, a poussé la société à prendre position.
Vue d'une usine d'extraction au milieu des champs, au Sud-est de Bornéo
De l'huile, oui ! Mais laquelle ?
A l'arrivée en Malaisie, un coup d’œil par le hublot de l’avion suffit à nous rappeler pourquoi cette culture est critiquée aujourd'hui. Les plantations vert sombre aux rangées de palmiers rectilignes qui se répandent à perte de vue ont en effet le goût du désastre écologique (engagé par les anglais avec les plantations d'hévéas à caoutchouc au début du 20ème siècle).
L’huile de palme est la bête noire de toute personne un peu sensible à l'écologie ou aux problèmes de santé publique. Mais justement, trop d’information tuant l'information, savez-vous ce qu'on lui reproche précisément ?
Une plantation âgée de 4 à 5 ans à Lotong
Petit rappel : obtenue par pressage des fruits du palmier à huile, l'huile de palme représente 30% des huiles végétales utilisées dans le monde, au 1er rang avant l'huile de soja. L'industrie agroalimentaire représente 80% de la consommation. Elle est présente dans bien plus de produits qu'on ne l'imagine. Cela s'explique car elle n'a pas d'équivalent : elle est solide à température ambiante, facile à transporter, se conserve bien car elle est peu oxydable. Une autre huile changerait la texture, le goût (elle n'en a aucun) et la qualité du produit. On l'utilise comme matière grasse dans les biscuits, les chips, les soupes lyophilisées... Moins chère que le beurre, elle est meilleure pour la santé que les huiles hydrogénées et les graisses animales.
On la retrouve également dans l’industrie pharmaceutique (savons, cosmétiques) et dans l’industrie chimique et pétrolière (encres, plastiques, biocarburants).
La première critique faite à son encontre est son effet sur la santé. Riche en acides gras saturés elle conduit, comme les graisses animales, à la formation de « mauvais » cholestérol qui se fixe sur les parois des vaisseaux sanguins jusqu'à les obstruer.
La seconde et principale critique est l'impact environnemental de cette monoculture intensive sur terres déboisées. La maturation rapide du palmier (3 ans), ses rendements importants (10 fois supérieurs à ceux du soja) et un marché toujours grandissant (la demande augmente de 8% chaque année depuis 1995) en font une culture particulièrement intéressante. Cependant celle-ci se fait au détriment de la forêt naturelle, abattue pour obtenir de l’espace, et conduit à une perte de diversité biologique et à des problèmes d'érosion et de pollution des sols.
A cela s'ajoutent des préoccupations sociales. Les employés des plantations malaises, souvent immigrés des Philippines, y travaillent dur, sans protection sociale ni infrastructure d'accueil, pour des salaires très bas.
Pourtant remplacer l’huile de palme serait coûteux économiquement et pour un prix de production supérieur. Mais cela aurait aussi un impact écologique (une vache consomme plus qu’un palmier) et un coût social important puisque toute une économie est construite sur cette production qui représente 7% du PIB de la Malaisie pour la moitié de l'huile de palme mondiale.
Bien sûr il est toujours possible d'essayer de moins consommer mais surtout de mieux consommer. Pour cela il existe aujourd’hui un label, le CSPO (Certified Sustainable Palm Oil). Il est fondé sur 39 critères sociaux et environnementaux et certifie une huile de palme durable. Il souffre cependant de la méconnaissance du public, de la multiplication des différents labels et de leur complexité si bien que seuls 50% des stocks trouve acheteur...
http://orbi.ulg.ac.be/bitstream/2268/131277/1/IAA-HuiledePalme.S.Delacharlerie.pdf
Document de présentation générale sur la problématique de l’huile de palme
http://www.rspo.org/ (en anglais), site officiel de la RSPO à l’origine du label
http://vivresanshuiledepalme.blogspot.fr/p/le-petit-guide-vert.html petit guide pour éviter l’huile
de palme