L'épopée de l'Eucalyptus
Importé d’Australie en 1868 l’Eucalyptus domine au Brésil (3.4 millions d’hectares plantés) principalement au Sud dans les états de São Paulo (où j’effectue mon stage), du Minas Gerais et du Parana. A partir des années 1960 l’Eucalyptus est de plus en plus utilisé aussi bien pour le bois de construction, la marqueterie, le bois de trituration ou encore la pâte à papier. Sa croissance rapide, sa compétitivité par rapport aux autres espèces et ses rendements élevés lui permettent peu à peu de remplacer les espèces natives. Aujourd’hui la production concerne surtout le bois énergie et la pâte à papier ses qualités mécaniques étant facilement surpassées par d’autres espèces.
Parcs à grumes et plantations bientôt exploitées
Au cours du temps deux principales espèces ont été progressivement sélectionnées pour leurs faibles exigences en eau et richesse du sol: E. urophylla et E. grandis qui sont les plus productives et compétitives. Grâce également à l’évolution des techniques culturales, les rendements ont aujourd’hui beaucoup augmenté. L’eucalyptus a cependant été parfois remplacé par d’autres espèces aux qualités mécaniques supérieures.
Ces cultures génèrent certains problèmes environnementaux. Usuellement l’eucalyptus est planté en monoculture pour réduire les coûts d’exploitation et faciliter la gestion. Ce qui est certes bien plus pratique et surtout rentable (des coupes rases tous les 20 à 25 ans pour la production de pâte à papier) mais l'impact environnemental est loin d’être anodin.
En premier lieu une plantation, bien moins riche qu’une forêt primaire, réduit significativement la diversité d’une région, en particulier la faune y disparaît rapidement. De plus les pratiques souvent non optimales rendent les terrains ensuite improductifs : érosion, appauvrissement et assèchement des sols et pollution par des produits chimiques.
D'autre part l’espace réservé aux plantations remplace soit la forêt native qu’est le cerrado (plus d’explications au prochain épisode, ha ha !) soit des cultures ou pâturages plus intéressants pour les populations locales. Car l'économie de plantation est essentiellement le fait de grandes entreprises qui proposent des salaires très bas.
Une espèce ornementale d'Eucalyptus sélectionnée, elle, pour la beauté de ses fleurs.
Pour pallier aux problèmes environnementaux la recherche peut apporter des solutions. Depuis le début de l’engouement les rendements ont été presque multipliés par quatre. Par la sélection d'espèces et l'optimisation des techniques. On peut encore réfléchir à l’espacement des arbres, la durée des rotations, la fertilisation des sols... ou développer des techniques innovantes comme la mycorhization des plants en pépinière (ajout de champignons et bactéries aidant la croissance).
L’eucalyptus reste une essence intéressante. Elle est la plus à même de répondre à la demande mondiale de pâte à papier. Elle permet, si elle est bien cultivée, de créer des forêts durables pouvant également faire office de « puits de carbone ».
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